Les aventures absolument tranquilles de Mozzarella (quoiqu'un type a dit : "tout est relatif") entrecoupées d'interludes qui ne sont pas sans contenir une inutilité obscure au profit d'un éphémère et léger divertissement.

mardi 4 août 2009

Ôde à Murphy... Mozzacata

Mozzarella rentra chez elle. A force de rester assise toute la journée, elle sentait ses jambes se traîner lourdement comme deux merguez pas cuites. Bien sûr, il aurait été d'une fine intelligence de pratiquer quelque activité sportive, mais il était 18 heures, et Mozzarella se sentait d'humeur flemmarde ; elle haussa les épaules et ouvrit le frigo. Triste décor : à part une carotte moisie et une part de pizza fadasse, plus rien ne subsistait.
C'est là que se produisit un évènement dont on peut largement supposer qu'il appartient à la case "extraordinaire" dans la vie de Mozzarella : elle se résolut à aller faire les courses. Si cette décision semble, pour toute personne normalement constituée, ne pas avoir de réelle valeur intrinsèque, tant par la fréquence de sa répétition que par sa banalité, elle touchait une catégorie bien précise de trolls mongoloïdes dont Mozzarella faisait partie, et qui hissaient cette seule volonté au rang de l'exploit, voire de l'au-delà du possible. Et c'est ainsi que, pleine d'une énergie qu'elle savait fugitive, Mozzarella prit son petit panier et sautilla en mode schtroumphette jusqu'au supermarché le plus proche. Hélas, il existe des désillusions ; celle qui suit en est un parfait exemple.
Quelque part, on peut dire que le Pepsi est au Coca Cola ce que les rayons alimentaires furent à Mozzarella : un gros bullshit. Sans repères dans les immensités de la grande distribution, abrutie, elle se mit à zoner entre les produits laitiers et les sacs poubelle, les oeufs bio et le papier toilette, les surgelés et le dentifrice. Ses yeux s'embrouillaient entre sa liste et les étalages, où se reproduisaient comme des cochons tous les produits alignés en tentations infinies. Elle prit les articles en quadruple, bouscula une mamie et son chien, renversa trois piles de yaourts, glissa sur une banane égarée, s'écrasa sur le type de la sécurité et pour finir, se rua sans réfléchir sur la caisse où s'étendait la plus conséquente masse de caddies.
Mozzarella se demanda si elle devait pleurer. Mais Grand-Maman lui avait confirmé que la dignité était nécessaire à la survie de l'espèce humaine. Mozzarella respira alors un grand coup, pleine d'un dernier optimisme candide - et stupide - et rentra chez elle avec de jolies pensées fleuries dans la tête.
La journée se serait peut-être mieux terminée que prévu, si le sac en plastique qui contenait le vin n'avait rendu l'âme devant la porte, et si les bouteilles ne s'étaient pas, par conséquent, lamentablement explosées sur le sol, emportant dans leur fracas les derniers élans positifs de Mozza.
Allez, c'était toujours une journée de plus dans le calendrier. Comme dirait l'arrière-grand-oncle du cousin de la bicyclette à Jules : le temps passe, l'éternité s'avance, vous inquiétez pô les mecs.


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