Les aventures absolument tranquilles de Mozzarella (quoiqu'un type a dit : "tout est relatif") entrecoupées d'interludes qui ne sont pas sans contenir une inutilité obscure au profit d'un éphémère et léger divertissement.

vendredi 23 janvier 2009

Pétage de plombs


Il y a des matins comme ça, où Mozzarella aurait envie de tout casser. De lancer un avis de recherche contre cet imbécile de faux père Noël qui fait croire aux petits enfants qu’il a le temps de se farcir la corvée des cadeaux en 24h sur un périmètre de 40 000 kilomètres. D’emplâtrer dans le mur la tête de crétins qui finissent par la gonfler sérieusement avec leurs attitudes immatures. De remballer une bonne fois pour toutes le type qui n’arrête pas de la relancer sur un projet dont elle ne veut même pas entendre parler, parce qu’il est très lourd, ce type. De mettre une bombe dans sa propre chambre pour se débarrasser enfin de tout ce qui pollue l’espace, entre les fringues et les vieux mouchoirs.
Mozzarella consulte son dictionnaire. « Péter les plombs » : sens figuré. Expression décrivant une attitude à devenir complètement dingue et à perdre totalement le contrôle de soi, entraînant ainsi des réactions d’ordre pulsionnel, névrotique et psychotique (faut consulter d’urgence les gars). Sous cet angle, on est bien avancé. Autant raconter la traversée de l’Atlantique par Lindbergh. D’ailleurs, même si ce type s’est gravement monté le bourrichon par la suite, il avait au moins entrepris de faire quelque chose de concret qui le dispensait de tout acharnement intellectuel entre New York et Paris. Certes, il était certainement très fort en ce qui concernait l’aéronautique et tout le bazar. Mais il devait prendre un malin plaisir à manger son sandwich en survolant l’Irlande, et n’avait pas besoin d’emporter un dictionnaire avec lui pour lire des définitions abracadabrantesques (qui ne l’auraient pas plus avancé sur ses positions longitudinales que sur ses positions d’ingénieur).
Le docteur Glückenstein est résolument très intéressant. Aux pulsions meurtrières que développe Mozzarella, il répond avec audace et intelligence: « Faites-lui un café sans plomb et donnez-lui du chocolat. » Cette prescription inattendue crée un bon résultat, car c’est par la déstabilisation même qu’elle engendre que la guérison survient. Quelle incroyable finesse que de s’en tenir à un traitement dont la simplicité suggère au malade le peu d’inquiétude qu’il faut porter à ses troubles ! Mozzarella se sent apaisée à présent. Il ne lui reste plus qu’à regarder Michel Drucker et tout rentrera complètement dans l’ordre. Bienheureux celui qui consulte le docteur Glückenstein, et bienheureux celui qui croit à ses prescriptions. L’effet Placebo est en marche, les enfants. Rien n’arrête les illusions de l’esprit. C’est beau.


mardi 20 janvier 2009

Découverte d'un nouveau monde

Done. Le monde du travail est à jamais un tas de grosse pourriture mise en conserve par les empereurs de l’égoïsme. Il restait encore un peu de naïveté à Mozzarella pour ne pas se sentir roulée dans la farine. Elle trouvait le boss plutôt sympa, et l’ambiance assez relax. Et puis un jour, elle eut juste envie d’émettre une légère protestation, oh bien sûr, quelque chose qui fut formulé poliment et gentiment, « dans les formes », comme on dit. Mais le boss n’aime pas les formes. Il n’aime tout simplement pas qu’on mette le doigt sur des choses dérangeantes. Il veut qu’on se taise. En vérité, le boss adule tout ce qui n’est pas propre à contester ses agissements. Il tape sur l’épaule du dernier idiot venu, et fait des clins d’œil de charité à celui qui veut bien y sourire. Il passe « faire un coucou » pour voir si tout se passe bien, et joue du pipeau à ses mignons sous-fifres. Et puis surtout, le boss s’en fout. Le boss ne tolère pas le « mais » et surfe sur son petit pouvoir. Alors lorsque le boss se sent en tort face à l’employé pas si benêt que ça (en fait), il s’énerve, il hurle, produit des postillons que Météo France aurait pu prévoir, tant leur taille et leur quantité sont monstrueuses, et déchaîne les foudres de Zeus. Il sombre dans la vulgarité et l’irrespect, tout en continuant à entretenir mesquinement le cuir poli de son trône. Bien sûr, il revendique ses idées communistes mais accepte en bon prince de faire des augmentations de capitaliste – toujours l’air bienveillant et protecteur, comme s’il offrait l’asile, ce grand homme. Et voilà. Mozzarella s’est fourvoyée, Mozzarella est dégoûtée par la réalité de ce monde. Elle pensait qu’un jour viendrait où l’on troquerait naturellement un bol de riz contre un porte-clés, un pull contre un cd, une crème de jour contre un livre. Et puis elle se rend compte. Elle sort de l’illusion. Elle fait son « expérience », comme disent les Anciens, du haut de leur canne en polystyrène. Mais quelle expérience ? Celle du contexte pervers de la fosse aux serpents ? De la mandoline en plastique ? De la sérénade au bord du lac pollué ? Quelle expérience ? Remarque, ce n’était pas faute d’avoir été avertie. Elle en avait entendu, des « tu te fais exploiter », des « non mais c’est pas possible », des « quand est-ce que tu les lâches ? ». Mais quelque chose la retenait, elle ne voulait pas s’en aller comme ça, en faisant des adieux déchirants à la Titanic. Là, au moins, il y aura de l’action, un claquement de porte, un « pauvre type », un « merde et bye bye». Du moins, c’est ainsi que ça se dessine. L’échéance est fixée au lendemain. Alors Mozzarella se drape dans sa dignité de jeune peureuse, et attend l’aube pour lancer l’attaque, au front, et sonner la retraite, au fond. L’imbécile.



Echec.



lundi 19 janvier 2009

Mozzarella sur le divan

« Mon cher docteur, j’ai des palpitations quand je réfléchis. Je vois des éléphants roses et des Mickey géants se dessiner à chaque coin de rue. Non, ce n’est pas ce que vous croyez. N’allez pas vous imaginer toutes sortes de choses obscènes que vos bouquins cinquantenaires vous ont inculquées. Mais tout de même, c’est grave, docteur ? J’aimerais tant qu’on m’explique le fonctionnement de nos neurones. La dernière fois, j’ai eu une hallucination lorsque je suis sortie de la boulangerie. Mozart discutait avec Cendrillon et Ségolène Royal leur frappait la tête avec un énorme tire-bouchon. Je me suis dit que le quignon de pain que je venais d’ingurgiter devait être avarié. En fait, j’étais surtout victime d’un manque de glycémie. On ne sait jamais ce que réserve un café sans sucre. Mais tout de même, c’est grave, docteur ? Ma grand-mère m’a téléphoné la semaine dernière, elle était mécontente de sa nouvelle bouilloire électrique qui ne sifflait pas quand l’eau atteignait les cent degrés. Sur le moment, je me suis insurgée contre l'inconvénient de la chose. Et puis, quoi ! Toutes ces critiques à l’emporte-pièce, est-ce vraiment important de les formuler ? Ce n’est pas comme si le brevet d’invention de cette bouilloire était un crime ; juste une modernisation de l’objet. Mais tout de même, c’est grave, docteur ? Quand j’étais petite, j’adorais les Rice Krispies. Maintenant, je fantasme devant un paquet de Fitness aux fruits. La société de consommation a lobotomisé mon cerveau pour me réduire à l’état de victime perpétuellement frustrée. J’achète et je jette, je convoite et je méprise, j’Hollywood et j’Haribo. Trois mois que je rêve de prendre rendez-vous chez la dermato pour qu’elle élimine à coup de scalpel tout ce que je pince avec rage sur mon visage à chaque fois que je subis une contrariété. Je me lave les cheveux quatre fois par semaine contre soixante-dix pour les mains - les ablutions du dimanche comptant double. Ca vous en bouche un coin pour le calcul, n'est-ce pas docteur? Je soupçonne Minnie d’avoir collaboré. Je sais que vous trouvez matière dans mon discours à sortir cette infernale rengaine freudienne dont je parlais récemment à un salami Herta : « Tout est sexe ». Mais tout de même, c'est grave, docteur ? Croyez en ma vieille expérience, je ne suis pas corrompue par les a priori des anti-analystes. Je crois en vous comme je crois en Dieu, là n’est pas la question. Le problème est de savoir une bonne fois pour toutes si Dieu existe vraiment. Alors, que proposez-vous, docteur ? Hier encore, nous étions des Cro-Magnon vertébrés. Aujourd’hui, nous sommes des Cro-Mignons désillusionnés. Qu’attendez-vous pour annoncer la fin de la séance ? Je vous entends bâiller dans mon dos. Je reconnais votre imperceptible mouvement du pied coordonné à vos soupirs accablés. Allez, descendez prendre l’air, la cloche a sonné, c’est la récré. »



mardi 6 janvier 2009

Homéopathie ou Foldingofolie?

Ca y est . Voici venu le « seulement cinquième jour » d’expérience du blog et déjà se dessine l’angoisse de la page blanche. Bien sûr, ce n’est pas comme si Mozzarella avait une vie creuse. Elle court à la fac pour voir ses partiels annulés ou reportés, se désengage du moindre rassemblement universitaire à l'instar des agoraphobes, chante à tue-tête avec une sinusite, et s’acharne à passer des coups de téléphone aux mutuelles qui ne se pressent ab-so-lu-ment jamais pour les remboursements, autant attendus que le père Noël – en moins folklorique. La crise n’aidant toujours pas bien sûr.
Au fond, tout pourrait être apparence, ou mirage. Mais comme le dit si bien Woody Allen : « Si tout n'était qu'illusion, alors j’aurais payé trop cher ma moquette ». La théorie des mondes parallèles commence à travailler la tête de Mozzarella. Ce n’est pas comme si elle avait été lobotomisée, à deux heures du matin, par une émission sur le paranormal, présenté avec la plus grande rationalité scientifique. Mozzarella se demanda comment la chaîne de télévision avait pu à ce point être soudoyée par une équipe de fous furieux. Quoique. Tant qu’on sait pas, on dit pas. Et si E.T. se trouvait toujours à table parmi nous, entre la salade et le fromage, sans que nous ne nous en rendions compte, pour la simple et bonne raison qu’il est dans son monde à lui, sa propre MAISON, truffée de téléphones ? – et encore, la livebox y est sans doute installée depuis longtemps. N’allons pas nous imaginer que nous avons une longueur d’avance sur l’univers. Il y a de fortes chances pour que le mail soit à nos collègues de là-bas ce que le Poney Express est à nous.
Si tout n’était qu’illusion, donc. Dans tous les cas, ce postulat n’apporte pas de très heureuses conclusions. Mozzarella s’est toujours vue vivre dans la demi-mesure : « Je me fais un café mais je ne le bois pas jusqu’au bout », « Mon œuf à la coque est encore un peu cru », « Je porte une jolie robe mais je mets des baskets », « Je débarrasse la table mais je ne la nettoie pas », etc, etc. Alors qu’au fond, si aucune de ces choses n’avait vraiment de valeur, y aurait-il eu un crime à les réaliser jusqu’au bout – ou même, à ne pas les réaliser du tout? Si l’ulcère, si le temps, si la coquetterie, si la maniaquerie n’étaient qu’illusion ? Et si le rien n’était qu’illusion ? Et si vraiment, TOUT n’était qu’illusion ? Et d’abord, qui est TOUT ? Un ami de la famille ? Un cousin éloigné ? Un bouddhiste ? Un conférencier de presse ? Un alcoolique anonyme ? Et si tout chez TOUT n’était qu’une grosse prise de tête ?



lundi 5 janvier 2009

Appel à témoins

Hier soir, aux alentours de dix-huit heures trente, un mystérieux incident s’est produit dans un chouette appartement d’un quartier tranquille. Tandis que Mozzarella, vautrée avec ses amis dans un canapé marron glacé et moelleux, endurant la digestion de la galette des rois sauvagement engloutie, s’amusait à compter le nombre de feuilles sur la plante du salon, un énorme coussin, dont l’identification est encore incertaine à cette heure, lui parvint dans la figure avec la force d’un maître Yoda. Mozzarella pleura évidemment beaucoup, le choc ayant été très douloureux. Ses amis, peinés de la voir dans un tel état, surtout pour un coussin, tentèrent de la consoler en lui offrant de faux bonbons Haribo. Au bout d’une bonne demi-heure et de quatre sacs de glaçons, le choc étant passé, tous finirent par s’interroger sur la provenance de cet étrange polochon, qui à présent gisait mollement sur le parquet. Personne n’osait vraiment y toucher ; l’objet paraissait suspect, quoique sa provenance inconnue le fût plus encore. On finit par tout vérifier. Les fenêtres étaient bien fermées, la porte d’entrée se trouvait verrouillée de l’intérieur, et personne ne se cachait derrière les rideaux. On repassa la scène en boucle. Chacun décrivit ce qu’il avait vu. Après plusieurs heures de concertation, maints et maints calculs pour trouver la courbe de la trajectoire du projectile suivant la position de Mozzarella à l’instant T et la marque du choc sur son visage, on en conclut que le coup avait été monté de l’intérieur.
Etant donné que personne n’était soupçonnable, on ne prit pas la peine de chercher un coupable. Ainsi, on aurait pu finir cette histoire en ponctuant avec ce genre de phrase qui rend hystérique : « On ne résolut jamais le mystère du coussin volant. »
Mais Mozzarella, qui était une fille très acharnée et qui ne perdait pas le Nord, lança dès le lendemain un appel à témoins dans l’immeuble qui faisait face aux fenêtres du salon, sûre d’obtenir une information capitale. Il fallut peu de temps pour qu’un vieux pervers habillé en Dark Vador ne sorte de l’ombre. Obsédé par l’envie de filmer tous ses voisins, il avait, au moment de l’incident, son objectif braqué sur le chouette appartement. On put aisément démasquer le coupable. En remerciement, Mozzarella donna deux faux bonbons Haribo à Dark Vador. Quant au fautif, cet être répréhensible et sans scrupules, qu’il ne reste plus qu’à blâmer pour l’horreur qu’il put commettre ce 4 janvier dernier entre 6:30:05 pm et 6:30:06 pm, maintenant qu’il est de connaissance publique, il ne peut que se mordre les doigts.



dimanche 4 janvier 2009

Mozzarella en mode lavage de cerveau


Une théorie semble se dessiner à l’aube de cette nouvelle année, théorie dont la formulation pourrait se rapprocher de certains proverbes chinois : à jolie journée s’associent gros problèmes. Si le soleil est au rendez-vous et que l’humidité ambiante semble s’être dissipée, Mozzarella se sait déjà condamnée à rester enfermée chez elle de longues heures. Elle ne s’en plaint naturellement pas : elle sait que sa situation est la rançon de ses vacances épicuriennes. Qu’il faut maintenant mettre les machines en marche pour sauver les meubles Roche-Bobois. Dans les salles de la fac, elle voit déjà les professeurs, l’œil malin et sournois, s’avancer vers elle, les sujets d’examens sur les bras, avec cette connaissance totalement terrifiante de la science de la défaite, celle qu’ils infligent avec un dégoûtant naturel à leurs pauvres petits étudiants.
Mozzarella se sent pleine d’une débordante envie d’introspection : « Miroir, compatissant miroir, dis-moi pourquoi je n’ai que le goût du travail dans l’urgence ? ». Evidemment, même les plus avertis ne sauraient répondre à cette question, mis à part un hypothétique clan de psychanalystes, davantage soucieux de remonter à la petite enfance que de s’attaquer aux névroses quotidiennes.
De vagues envies de combat surgissent alors. Il faut aller de l’avant ! Il ne faut jamais baisser les bras ! Il faut en vouloir ! Il faut y croire ! Il faut être le premier ! Il ne faut pas imaginer que d’autres puissent y arriver aussi bien ! Il faut tout donner ! Maintenant ! Tout de suite ! Allez !
Quelle singularité que cette force de persuasion et cette culture du self-coaching optimiste et primitive ! Non pas qu’il faille douter de la contribution de cette herculéenne motivation sans laquelle nombre de bipèdes homo sapiens auraient peut-être échoué. Mais est-elle le seul moyen d’éviter l’échec ? N’y a-t-il pas de comportement plus raisonnable que ces dogmes d’incantations extra-terrestres, auxquels toute personne humaine n’est pas susceptible de se plier ? Mozzarella se sent tout à coup bien lasse. Vivement février qu’on se couche.


samedi 3 janvier 2009

Mozzarella chez Grand-Maman


Aujourd’hui sonnent les cloches d’un nouveau monde. Tandis que Mozzarella et ses amies se débattent dans l’immense absurdité de leurs passions amoureuses, Grand-Maman, quatre-vingt-un ans, veuve depuis un certain temps, s’entiche de son voisin, un homme de dix ans son cadet. Il est beau, dit-elle. Il a de la prestance et de la présence. Il parle peu, se montre très courtois. Il fait des bien gracieux sourires. Oh non, il ne serait pas du genre à rentrer dans l’ascenseur avant vous. Et il n’oublie jamais de vous demander à quel étage vous habitez, pour vous épargner ce geste lourd, cet indispensable pression sur le bouton, le petit effort du doigt qui s’effectue juste avant que vous ne sortiez, à l’agonie, vos clés d’un sac encombré pour pénétrer dans votre chez-vous.
Grand-Maman revit donc. A quatre-vingt-un ans, soucieuse de séduire l’objet de ses nouveaux espoirs amoureux, elle se pomponne chaque jour avant d’aller acheter le pain – on ne sait jamais, il pourrait sortir de chez lui au même moment. Elle s’est procuré du maquillage de luxe et a ressorti ses plus belles robes. A chaque fois qu’on l’embrasse, des effluves de parfum capiteux flottent dans l’air. Elle est gaie et drôle, et vit ses rêves de cinéma.
Quand elle regarde Grand-Maman évoluer avec autant de légèreté du haut de son bel âge, Mozzarella songe à faire une entrée résignée dans la CJFSDV(LP), la Congrégation des Jeunes Filles qui se Sentent Déjà Vieilles (Les Pauvres). Mozzarella en a bien, de l’amour à revendre, des projets, des envies, des soifs, mais elle se sent tellement petite face aux réalités du monde. Et puis ce discours moralisateur, un brin fataliste, de ses aînés et congénères expérimentés, qui prônent la volonté, cette simple et usante volonté, pour la réussite ! Si seulement la passion pouvait conduire la destinée. Mais ça n’est que dans l’amour que ça semble arriver. Et encore, les Bovary et les Grandet se sont trop pris la tête. Aujourd’hui, la tendance s’inverse : il est plus romantique de poser dans des magazines people pour la gloire d’une passade avec Tom Cruise ou Georges Clooney. Paix aux exaltées, Mozzarella ne lâchera pas prise. Elle se sent l’âme d’une femme fatale à qui rien ne résiste, excepté le sac poubelle qu’elle a voulu déchirer, de rage, lors de la dernière dispute conjugale, rapport aux chaussettes sales sous le lit. Décidément, Grand-Maman aura toujours un train d’avance ou un pédalo de retard.


vendredi 2 janvier 2009

Mozzarella chez les idéaux



Et voilà. Comment Mozzarella, une jeune fille, condamnée à réviser ses partiels, se retrouve face à son ordinateur, désespérée, croulant sous le poids de la culpabilité mais ne s’abandonnant jamais à la raison. Elle se retranche derrière les conseils de ses proches : « Si tu veux qu’écrire devienne ton métier, commence par écrire tous les jours. » Et maintenant que la dissertation en histoire de la musique devrait prendre une place capitale dans les heures à venir, elle préfère soupirer mélancoliquement et se mettre en scène dans la tragédie de l’échec universitaire. Evidemment, ce serait incroyable que tout se passe comme dans un conte de fées. Un peu de chance, un peu de magie, un peu de talent, le coup de poudre de Perlimpimpin, et le tour est joué, un bouquin sort, des fans l’achètent, et se jettent sur Mozzarella dans la rue. Mais dans sa vraie vie ? Restent une bataille sans fin pour sa destinée, une gloire tardive à soixante ans, des enfants rancuniers qui ne lui pardonneront pas le choix de sa carrière au prix de leur abandon, un mari platonicien et sportif qui se jette à corps perdu dans des figures de kite-surf et de ski, brisant tantôt la vague, tantôt la glace, au gré des saisons qui n’en sont plus à cause du réchauffement planétaire. Tout cela sans parler des angoisses concernant les besoins primaires, l’interrogation perpétuelle sur la disparition de Lady Di, la cuisson du dernier steak haché re-conservé (sources), l’augmentation du prix du sparadrap, les oies gavées. Les coups de fils conventionnels, les fleurs de remerciement, les dîners aux ampoules, les faire-part. La mode, le dandysme, l’intellectualisme, l’altruisme, le communisme, le conflit israélo-palestinien. L’humanitaire, le Darfour, la crise financière. Finalement, ne pas faire sa dissertation, ça n’est pas très grave. Cela prouve qu’on a déjà pris du recul sur la vie. Mais soyons honnêtes, et réfléchissons : toujours tout faire en marche arrière, sans rétroviseur, ça finit juste par devenir dangereux et inconscient. Prendre du recul au prix du fossé ?