Les aventures absolument tranquilles de Mozzarella (quoiqu'un type a dit : "tout est relatif") entrecoupées d'interludes qui ne sont pas sans contenir une inutilité obscure au profit d'un éphémère et léger divertissement.

vendredi 28 janvier 2011

mardi 18 janvier 2011

jeudi 6 janvier 2011

Noël en Bordel, Janvier en Merdier.

Considérations sur l’existence de Dieu… un miracle avait eu lieu : le passé emportait avec lui le barda de Noël. N’eût été l’omniprésence de la bouffe, Mozzarella aurait presque cru à quelque chose de relativement calme. Malheureusement pour elle – et sans doute pour tant d’autres – la magie de Noël résidait en cette force naturelle dont est doté l’être humain pour se gaver de dinde farcie et de bûche chocolatée jusqu’à ce que dérangements gastriques s’ensuivent. Qu’à cela ne tienne ! Il était temps de clamer fièrement : « Putain les mecs, qu’est-ce qu’on a bien graillé ! » tout en se frottant le ventre d’un air réjoui et non moins solennel. Du reste, le champagne était frais et goûtu. Mozzarella en avait bu trois coupes dès l’apéro. Autant dire qu’à l’issue de cette ouverture des festivités, les cadeaux semblaient étrangement scintiller au pied du sapin ; quant aux chants de Noël, ils étaient devenus tout à fait supportables, et s’apparentaient à de joyeuses berceuses.

Mozzarella avait touché à tout : des petits fours au foie gras, du saumon au pain surprise. La dinde aux poires et aux airelles avait été tout particulièrement succulente. Quant à la bûche, elle relevait de l’extraordinaire. Ainsi, pas de regrets. Elle pouvait dès lors clamer à qui voulait bien l’entendre qu’elle avait fait un for-mi-da-ble repas de Noël.

Mais à présent, on était en janvier. Le mois de l’angoisse, de la loose ultime. Le mois qui passe plus lentement qu’une rombière en déambulateur. Le mois qui n’annonce rien, ne promet rien, ne suscite rien. A peine provoque-t-il une microscopique lueur d’espoir quant aux jours qui rallongent. Janvier, c’est le concentré des angoisses de l’hiver. Qu’elles soient liées au froid, au manque de lumière, au sentiment de vide, à l’absence de réjouissances, elles se réunissent sournoisement et se succèdent dans une implacable monotonie. Les pluies gelées et les vents du nord font plisser les fronts dépressifs et grelotter les jambes ramollies, pleines encore de graisses et de confits. Tout est prétexte à se plaindre, et la fameuse goutte au nez subsiste avec cette merveilleuse chiantise.

Une chose, une seule, commence à naître, remuer un peu, jusqu’à gonfler dans une formidable montée en puissance, semblable au cri des supporters du foot dont le raffinement atteint son paroxysme lors des tirs au but. La beuglante d’une sauvage réjouissance à laquelle se shootent les téméraires passionnés, les intrépides de la glissade – plus communément nommés skieurs. Ceux-là se frottent les mains dès novembre en pensant aux pistes poudrées des sommets d’hiver, que Madame Météo a nappés d’une neige vierge – leur petite coke de luxe qui les empêche de dormir plus encore que la venue du père Noël. Ils trépignent d’impatience et se précipitent sur leur panoplie à la fin des fêtes avant de se carapater dans les premiers œufs frigorifiques qui les mèneront au 42e étage de la montagne – vue imprenable, petit déjeuner, mini bar, si vous avez un problème appelez Gonzalo.

De quoi décupler les angoisses des modérés du ski. La frénésie des hystéro de la glisse mettait Mozzarella dans des états épouvantables dès qu’il s’agissait de faire la queue au télésiège, sans parler des descentes où des chauffards cagoulés la doublaient par la droite. C’est pourquoi, depuis quelques temps, elle s’était convertie au ski-bar et s’accommodait pleinement de sa nouvelle situation. Tandis qu’elle faisait brûler sa tronche au soleil en se délectant d’un chocolat viennois, les zombies de la glisse dévalaient les pentes bossues en kiffant la vib. Grand bien leur fasse.

Chiottes, vivement février.